Le Jeu du Bip
( écrit par Mickey )
C’est un exo à la fois très simple et très riche, simple à faire seul-e à la maison. De plus il permet d’en apprendre beaucoup sur son propre jeu et ainsi que celui des autres, et s’avère offrir des pistes de progressions intéressantes, que vous soyez débutant-e-s ou confirmé-e-s. La consigne est toute simple : à chaque fois que vous entendez ce son
vous devez commencer une nouvelle impro !
Il s’agit là d’enchainer des débuts d’impros très courtes (de 3 à 15 secondes !). Comme ces bips sont générés aléatoirement vous ne pouvez pas anticiper le début ou la fin d’une impro. Certaines impros seront plus longues que d’autres, et vice et versa (comme diraient les Inconnus). Vous allez voir on se fait surprendre pas mal au début, mais très vite on s’habitue à ces bips surprenants.
Ci dessous plusieurs sessions (entre 2 min 30 et 3 min) de bips aléatoires pour vous entrainer :
Notes sur l'exercice :
1 – Vous allez très vite vous rendre compte des techniques d’impros qui vous sont propres ! En effet dans cet exo certain-e-s auront tendances à rentrer dans l’impro par le personnage, le corps, le positionnement dans l’espace, la situation, la voix, le mime etc… A prendre leur temps ou à se dépêcher, à stopper net ce qu’il/elle faisait avant, à rentrer dans l’impro suivante par une transition en fondue avec la précédente… C’est aussi un super exercice pour travailler le lâcher prise et la flexibilité mentale, qui sont de précieux atouts sur scène : en enchaînant rapidement des débuts d’impro, on apprend à abandonner très vite l’idée qu’on a en tête pour en saisir une nouvelle (comme lorsque vous arrivez sur scène avec une idée et que votre partenaire vous propose quelque chose de complétement différent).
2 – Il vient un moment dans cet exercice, que vous soyez débutant-e-s ou confirmé-e-s ou vous ne savez plus quoi faire… En général ce moment se matérialise par une grosse frustration où l’on enchaine plusieurs bips pendant lesquels on ne fait pas grand chose et où l’on fini par crier « aaaaaah merde je sais plus quoi faire ». C’est là que l’exercice devient vraiment intéressant. En fait ce moment de frustration est assez normal : vous avez épuisé les quelques idées que votre cerveau a pu générer sur la base de votre technique personnelle, et maintenant que vous avez épuisé cette ressource il va falloir trouver d’autres choses… C’est à ce moment de l’exercice que vous allez commencer à faire découvrir des choses complétement nouvelles que vous ne saviez même pas que vous pouviez faire, et que vous allez commencer à vous surprendre vous même. C’est souvent une grande source de plaisir et de créativité d’ailleurs. Donc ne lâchez pas quand la frustration de ne plus savoir quoi faire arrive !
3 – Si vous avez la chance de pouvoir avoir un retour extérieur après votre série, ça aide à vous rendre compte de certaines choses plus facilement (par exemple moi on m’avait dit « tu marches beaucoup et tu n’utilises jamais ton bras droit », chose que je n’aurai jamais remarquée tout seul). C’est aussi hyper interessant de voir quelqu’un d’autre faire cet exo, car la technique de chacun devient facilement apparente, et c’est assez jouissif de voir chez les autres le moment où il dépasse le point de frustration pour se mettre à créer des choses nouvelles. Evidemment si vous êtes 2 ou plus à pouvoir faire cet exo, les bips sonores ne vous servent à rien, un-e coach qui clape dans ses mains de manières plus ou moins aléatoires suffit (en prenant bien soin de trouver une balance subtile entre foutre l’autre dans la merde avec des claps imprévisibiles et lui offrir du soutien avec des claps bien placés quand il est trop en difficulté). Je vous invite donc à faire cet exo avec votre groupe quand le confinement sera fini, c’est un exercice véritablement riche.
4 – Quand vous l’avez fait plusieurs fois, et que vous avez bien ciblé ce que vous avez l’habitude de faire (la fameuse « zone de confort »), c’est le moment de vous lancer dans l’exercice avec des défis :
– « je vais rentrer dans l’impro en changeant de voix »
– « je vais moins me déplacer »
– « je vais rentrer par le mime/personnage/situation »
– « je vais essayer de poursuivre et transformer ce que je faisais juste avant »
– “je vais prendre une forme corporelle différente à chaque début d’impro “
– “je ne vais presque pas parler“
– …
Il y a pleins de pistes à explorer, le potentiel de cet exercice est littéralement infini. Vous pouvez aussi adapter les exercices d’Ira Seidenstein (3 walks with differents shapes et 6 directions) à cet exo pour celles et ceux qui connaissent (et sinon et que ça vous interesse on peut en parler). Y’a pleins de variants alternatifs à explorer pour cet exercice, faites vous plaisir.